Le Syndicat mixte du bassin de Thau, en partenariat avec Coldep, IAGE, le Conseil Départemental de l’Hérault, le Comité Régional de la Conchyliculture de Méditerranée (CRCM) et la Station Méditerranéenne de l’Environnement Littoral (SMEL OSU-OREME) de l’Université de Montpellier à Sète, lance la phase expérimentale d’un projet visant à tester une technologie innovante pour extraire les Norovirus des coquillages. L’objectif étant à terme de garantir un environnement plus sûr pour la conchyliculture et atteindre l’objectif porté par la profession : « Zéro malade ».
Le projet répond directement à la crise sanitaire survenue en 2022-2023, lorsque la contamination du milieu par le Norovirus avait entraîné des fermetures prolongées des zones conchylicoles. Face à cette situation, les acteurs du territoire se sont réunis et lors d’un comité de pilotage du ROL (Réseau d’Observation Lagunaire), les acteurs locaux ont décidé de collaborer pour utiliser une solution innovante et tester son efficacité afin de protéger la filière conchylicole.
Un enjeu sanitaire et économique majeur
La lagune de Thau est un bassin conchylicole majeur, représentant environ 10 % de la production nationale avec 6 200 tonnes d’huîtres et 2 300 tonnes de moules produites en 2022. Ce secteur emploie près de 2 000 personnes au sein de 430 entreprises locales.
Cependant, depuis une quinzaine d’années, des contaminations par le Norovirus, souvent liées à des épidémies de gastro-entérites (Toxi-Infections Alimentaires Collectives – TIACs), entraînent des crises sanitaires qui imposent des fermetures prolongées des zones de production. Ces crises ont un impact économique considérable, mettant la conchyliculture en péril sur tout le littoral français.
Actuellement, les moyens de lutte contre ces épidémies restent limités, que ce soit pour éliminer les Norovirus ou pour protéger l’activité conchylicole. Les recherches récentes ont montré qu’il est difficile d’évaluer l’efficacité des traitements en raison de la complexité pour cultiver ces virus et de la difficulté à mesurer leur infectiosité. Toutefois, des solutions prometteuses se dessinent autour des systèmes de purification, offrant des pistes pour protéger partiellement ou totalement la production.
Une innovation pour protéger la filière
Dans le cadre de cette expérimentation, un système de purification par colonne à dépression, VAL AQUA, sera testé pour extraire les norovirus présents dans l’eau de mer et dans
les coquillages. Ce système, représente un potentiel technologique majeure pour la gestion de cette problématique. L’objectif est de démontrer l’efficacité de ce procédé en
termes d’extraction des virus dans l’eau et dans les huîtres, et de la déployer sur le terrain.
Les expérimentations commenceront durant l’hiver 2024-2025, à la Station Marine de l’Environnement Littoral à Sète et seront menées en plusieurs phases. Elles permettront de mesurer les performances de la colonne à dépression pour éliminer le Norovirus dans les coquillages préalablement contaminés par des norovirus. Ces tests seront dupliqués afin de recueillir des données précises sur l’efficacité du procédé et les cinétiques d’extraction du virus.
Protéger l’huitre, c’est aussi protéger les consommateurs
L’huître creuse, animal filtrant de grandes quantités d’eau, est particulièrement vulnérable aux changements de son environnement. Elle capte, par filtration, tous les éléments présents dans l’eau, y compris les virus. En réduisant la présence de Norovirus, cette technologie permettrait de limiter les risques sanitaires et de protéger les producteurs conchylicoles, tout en garantissant un produit plus sûr pour les consommateurs.
Le consortium « NoVLess »
- Le SMBT, établissement public territorial de bassin, assure parmi ses missions une veille sur la qualité des milieux, au travers du ROL qu’il pilote et porte une attention particulière, depuis sa création en 2005, sur l’accompagnement de la filière conchylicole. Le SMBT pilote ce projet NoVLess et assure la recherche de financements,
- Coldep, société spécialisée dans le traitement d’eaux et des effluents industriels grâce à sa solution brevetée d’épuration de l’eau via airlift sous dépression : le VAL. Notre technologie innovante permet d’assurer 3 fonctions fondamentales : Circulation hydraulique, Équilibrage des gaz dissous et Extraction des microparticules en suspension. En nous appuyant sur la fonction d’extraction des matières en suspension de notre technologie et grâce au pilote VAL AQUA, notre rôle sera de séparer le norovirus de l’eau afin de démontrer qu’elle peut garantir la biosécurité du milieu d’élevage/stockage,
- IAGE, laboratoire d’analyse accrédité spécialisé dans la détection précoce des virus dans l’environnement, apporte son expertise pour démontrer l’efficacité du procédé VAL AQUA dans la purification des norovirus,
- Le laboratoire départemental vétérinaire de l’Hérault accompagne la filière conchylicole par ses activités de formation et analyses. Pour ce projet, il effectue des analyses de détection des norovirus dans les coquillages,
- La Station Méditerranéenne de l’Environnement Littoral (SMEL, OSU-OREME) de l’Université de Montpellier à Sète est un point d’appui à la recherche en aquaculture, écologie et biodiversité marine. Dans le cadre du projet NoVLess, la SMEL apporte son expertise en aquaculture et dans le domaine de l’écologie marine expérimentale et offre un accès à un ensemble d’installations expérimentales,
- Le Comité Régional de la Conchyliculture de Méditerranée est en charge de représenter l’ensemble des professionnels qui se livrent aux activités de production, de distribution et de transformation des produits de la conchyliculture au sein des 7 bassins de production de Méditerranée. Le Comité Régional de Conchyliculture de Méditerranée est engagé depuis 2021 dans un Contrat de filière conchylicole. Le projet NoVLess s’intègre pleinement dans cette stratégie, dont le SMBT est partenaire, et est inclus dans l’action 2 de l’orientation 1 : « Adaptabilité et résilience face aux changements climatiques et aux pressions sanitaires ». Cette action a pour ambition de « Créer des sites de mise à l’abri sanitaire collectifs de coquillages et poursuivre la R&D pour se prémunir des menaces biologiques et environnementales » et a singulièrement pour objectifs de mieux connaitre les pathogènes et comprendre et anticiper les évolutions du milieu de production. La structure mettra ainsi son ingénierie à profit du projet et assurera l’essaimage des résultats auprès de la profession.
> Pour écouter l’interview donnée le 09.12.24 par Romain Pete à Via Occitanie, animateur du ROL, cliquer ici !
LE PROCÉDÉ VAL AQUA DE COLDEP, EN BREF :
Les systèmes de flottation sous vide de Coldep exploitent les principes de la loi de Henry pour améliorer à la fois la séparation des particules en suspension et le dégazage. Le vide joue un rôle central dans ce procédé en modifiant la pression dans la colonne de traitement, ce qui a de nombreux effets bénéfiques sur le processus global de traitement de l’eau.
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