C’est bien connu, les huîtres grossissent à Thau plus vite que partout ailleurs. La richesse écologique de ce milieu naturel et les apports du bassin versant favorisent ces taux de croissance exceptionnels. S’ils ont permis de mettre la lagune sur la voie du bon état écologique, les efforts réalisés ces dernières décennies pour améliorer la qualité de l’eau ont conduit à une forte diminution des apports en nutriments.
Or, ces nutriments favorisent la pousse du phytoplancton, qui est la principale source d’alimentation de l’huître, de la moule (organismes filtreurs) et de la palourde (organisme fouisseur).Face à l’inquiétude des professionnels quant à une chute de productivité liée à cette baisse des apports, l’Université Montpellier II et Ifremer, avec le soutien de nombreux partenaires dont le SMBT, ont lancé l’étude Capathau.
Trouver un juste équilibre entre bon état écologique et productivité
Cette étude dont les conclusions ont été présentées le 17 septembre, vise à trouver un juste équilibre entre bon état écologique et productivité. Elle comporte trois phases :
- une phase d’analyse des chroniques d’apports en nutriments de 2008 à aujourd’hui (STEP, lessivages et apports atmosphériques) et des évolutions des paramètres de la colonne d’eau (N, P, phytoplancton, chlorophylle-a…)
- Une phase de construction d’un modèle informatique spécifique pour coupler les données liées à la gestion environnementale et les données d’élevage.
- La dernière phase a permis de tester des scénarios prenant en compte différents paramètres (pratiques culturales, densités d’élevage, apports en eau douce extérieur, croissance démographique…).
Le taux de croissance des huîtres inversement corrélé à la biomasse de coquillages en élevage
L’étude Capathau démontre que malgré la baisse importante des phosphates et de la chlorophylle-a dans l’eau, les croissances des huîtres sont stables. La production planctonique semble être limitée par le phosphore. Le taux de croissance des huîtres est inversement corrélé à la biomasse de coquillages en élevage. Plus le stock de coquillages en élevage est important, moins les taux de croissance sont élevés en lien sans doute avec une réduction de la disponibilité trophique. Avec les niveaux de production et de biomasse actuelles (40% inférieures à celles observées entre 1994-2007), les apports d’azote et de phosphore et la capacité trophique de la lagune ne semblent pas être limitants pour la croissance et le remplissage des huîtres en élevage.
Optimiser les pratiques d’élevage
Un observatoire des élevages pourrait prochainement voir le jour pour affiner les résultats de cette étude. L’objectif à terme serait d’optimiser les pratiques d’élevage et les qualités des produits ainsi que les stratégies de gestion des eaux du bassin versant au regard des besoins des élevages et des objectifs de production tout en garantissant le respect des indicateurs de bon état écologique. Il pourrait être développé dans le cadre du prochain contrat de transition écologique du territoire de Thau.
L’étude Capathau est portée par l’Université de Montpellier avec le soutien de l’Ifremer, du CRCM, du ministère pêche et océans du canada et de l’université d’Okaido au Japon. Il s’inscrit dans le cadre du défi 2 du DLAL FEAMP Thau et sa bande côtière « favoriser l’innovation et la diversification » et bénéficie de financements européens à hauteur de 40%.
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