Vendredi 2 décembre s’est déroulée la conférence de presse FIRCAP au Mas Soula à Mèze en présence d’Yves Michel, Président du SMBT, Emmanuelle Darmon, Sous-préfète, Laurence Magne, Vice-présidente à Sète agglopôle Méditerranée, Thierry Baëza, Maire de Mèze et les représentants de la société Geocorail/Seacure, spécialisée en recherche et développement de biomatériaux à Marseille. L’événement a été précédé d’un laboratoire d’expérimentation avec des architectes, des designers et des artistes.
L’expérimentation d’une technologie innovante
En mai 2021, la société Seacure, détentrice de l’innovation Géocorail, a lancé l’expérimentation d’une technologie innovante visant à créer un biomatériau à partir de déchets de coquilles d’huîtres.
Elle a immergé des gabions de coquilles d’huître dans la lagune, à proximité de l’usine de traitement des déchets conchylicoles du port du Mourre Blanc. Le procédé est simple : sous l’effet d’un courant électrique continu de très basse tension, sans danger pour les humains ni pour la faune, les sels minéraux naturellement dissous dans l’eau de mer forment des composés qui agissent comme un ciment naturel. L’ensemble forme progressivement un agglomérat rocheux, solide et extrêmement adhésif. Le biomatériau ainsi créé peut être utilisé notamment pour la consolidation de structures immergées ou semi immergées et offre un débouché pour la valorisation des déchets coquillés de la filière conchylicole.
Seacure est en mesure de livrer aujourd’hui les premiers résultats de cette expérience conduite avec le soutien du BlueThauLab, la plateforme d’innovation territoriale du Syndicat mixte du bassin de Thau.
Des premiers résultats prometteurs
L’extraction des premiers gabions, réalisée fin novembre, montre que le phénomène de concrétion fonctionne avec tous les types de déchets coquillers, qu’il s’agisse de déchets bruts, d’huîtres nettoyées et calibrées ou de broyat d’huître. En fonction des sédiments utilisés, le matériau formé offre des rendus visuels et une complexité très différente. Ce constat est tout à fait intéressant dans l’hypothèse de l’exploitation de ce matériau à des fins de restauration écologique marine, d’art ou de design urbain.
L’expérimentation a également montré qu’il était possible de pré-fabriquer des modules avec des sédiments choisis préalablement dans une « ferme Géocorail » et de les implanter par la suite sur différents sites.
Des leviers d’amélioration
L’implantation sur un site plus aisément accessible par les engins roulants, hors d’un port, serait nécessaire pour optimiser les conditions de réalisation de l’expérience.
La structure des modules mérite également d’être modifiée afin de faciliter les opérations de levage et de manutention lors de la phase d’extraction.
Le remplacement des big bags en plastique comme contenants des sédiments par une solution plus durable est à envisager, tel que la mise en place d’un système de bassin, en cours de réflexion.
Plusieurs débouchés sont à l’étude…
Compte tenu du temps et du grand nombre d’étapes nécessaires à sa fabrication, l’enjeu pour Seacure est d’identifier des débouchés sur des marchés avec des produits à haute valeur ajoutée. L’usage de ce biomatériau est pertinent dans le domaine du génie écologique, notamment pour fabriquer des corps morts ou des récifs artificiels. Une réflexion est également en cours avec des architectes et des designers pour l’utiliser dans la fabrication de mobilier urbain ou d’objets plus petits. Des artistes envisagent aussi de se saisir de ce matériau original pour la création d’œuvres d’art, de mobilier, etc.
La filière conchylicole produit un volume important de déchets coquillés. Le bassin de Thau est le premier bassin conchylicole à avoir mis en place dans les années 2000 une filière de traitement adéquate.
La création par Seacure de ce biomatériau offre une nouvelle piste de valorisation pour ces sous-produits de la conchyliculture.
Un projet porté par BlueThauLab, la plateforme d’innovation territoriale du Syndicat Mixte du Bassin de Thau
Créée en 2019, BlueThauLab a vocation à expérimenter des solutions nouvelles pour renforcer la transition écologique et la résilience des territoires littoraux. Inscrite dans le projet Littoral + porté par la Région Occitanie, elle réunit de nombreux acteurs scientifiques, professionnels et institutionnels. Elle permet d’amplifier les collaborations au niveau local afin de développer et valoriser des solutions innovantes opérationnelles, exportables sur d’autres territoires. Elle apporte d’ores et déjà son soutien à différents projets dans les domaines de la gestion de l’eau, l’adaptation aux risques littoraux, les nouvelles pratiques agricoles et le soutien aux activités halieutiques…
Véritable projet d’économie circulaire locale, exemplaire dans sa dimension écologique, et aisément duplicable à des territoires confrontés à des problématiques similaires, l’expérimentation de Seacure est emblématique des initiatives soutenues par BlueThauLab.
Un projet financé par l’Etat et la Région
L’expérimentation conduite par Seacure est financée par l’Etat à hauteur de 180 000 euros, dans le cadre du Plan Littoral 21 et de l’appel à projets Avenir littoral, porté par l’Etat et la Région Occitanie. Rappelons que Seacure est lauréate de l’appel à projet Avenir littoral lancé en 2020 par la Région Occitanie.