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Un programme expérimental à l’étude pour maitriser les risques d’inversac

La source sous-marine lagune de Thau et inversac

L’année 2023 est celle de tous les records : pluviométriques d’abord, avec seulement 210 mm de cumul annuel sur Sète, et piézométriques ensuite, avec des niveaux d’eau des nappes souterraines montrant leur plus bas niveau depuis 1959 (début des enregistrements sur le territoire). Dans ces conditions, l’arrivée d’un nouvel inversac sur la source de la Vise était probable et prévisible. Il est survenu le 18 octobre 2023 lors d’une tempête ayant entraîné une montée des niveaux de la lagune de Thau. Pour faire face à ces phénomènes et protéger la ressource en eau, un programme expérimental inédit en France est à l’étude pour maitriser les risques d’inversac. Grâce à la mobilisation de l’Etat et de nombreux partenaires, celui-ci devrait être engagé cette année, sous maitrise d’ouvrage du Syndicat mixte du bassin de Thau (SMBT), en partenariat avec le Bureau de Recherche de Géologie Minière (BRGM).

Depuis le déclenchement en octobre 2023 d’un nouvel inversac, les eaux lagunaires s’engouffrent dans la source de la Vise à près de 230 litres/seconde de moyenne, salinisant la nappe d’eau douce souterraine. Il s’agit du huitième phénomène d’inversac connu depuis 1967. Pour rappel, l’inversac est un phénomène qui fait entrer de l’eau salée de la lagune dans l’aquifère et pollue la réserve d’eau douce du territoire.

Une concertation renforcée depuis un an

Face à la sécheresse qui touche notre territoire et devant le risque d’inversac, de nombreuses réunions se sont déroulées dès le mois de juin 2023 pour débattre des stratégies à déployer.

Les partenaires ont ainsi eu l’occasion d’échanger lors de deux Commissions locales de l’eau (CLE), une commission paritaire entre maires et usagers de la lagune, et également lors d’une cellule de crise de suivi du phénomène suite au déclenchement et d’un comité technique d’expertise hydrogéologique.

copil inversac janvier 2024 smbt

A l’issue de ces différentes réunions, les partenaires ont décidé le montage d’un programme expérimental sur la source de la Vise visant à limiter les intrusions d’eau salines en conditions d’inversac. Ce programme a pu être construit sur la base des résultats et expertises hydrogéologiques apportés par le BRGM, et aux données collectées par le SMBT sur la plateforme Dem’Eaux Thau désormais administrée par le SMBT.

Ainsi depuis 4 mois, les experts travaillent à la conception d’un programme expérimental sur la source sous-marine.

Une expérimentation inédite en France

Le programme expérimental sur la source sous-marine de la Vise représente une première au niveau national pour contenir l’intrusion d’eau salée dans les nappes souterraines. Le cas de Thau n’est pas un cas isolé et bien des territoires littoraux sont ou seront exposés dans le futur à des problématiques de salinisation des nappes d’eau douce en raison des connexions entre la mer et les aquifères.

Les mesures de protection des aquifères d’eau douce en zone littorale représentent une solution de sauvegarde essentielle des réservoirs d’eau douce. Au-delà de l’enjeu local, la communauté scientifique, à travers le BRGM, est très mobilisée pour suivre cette expérimentation qui pourra amener d’autres territoires à se positionner sur des mesures de protection similaires.

Un projet qui s’affine

Ce programme a été présenté et discuté le jeudi 11 janvier dernier devant un comité de pilotage réunissant la Préfecture de l’Hérault, La Région Occitanie, le Département de l’Hérault, l’Agence de l’eau RMC, le Syndicat mixte du bassin de Thau, Sète Agglopole Méditerranée et la commune de Balaruc-les-Bains en présence de François Commeinhes et Michel Garcia.

A cette occasion, il a été décidé que le SMBT porterait la maitrise d’ouvrage du projet et le BRGM sa réalisation, pour un programme devant se dérouler sur 3 ans pour un montant prévisionnel de de 530 000 €. Ce programme devrait se réaliser sur 4 phases :

  • La première aura vocation à établir les dossiers d’autorisation (Loi sur l’Eau, Occupation du domaine public maritime),
  • La seconde phase devrait permettre de concevoir la pièce qui sera réalisée sur mesure puis déposée au fond à 27 mètres,
  • Les deux dernières phases consisteront en des expériences testant des situations en débit « entrant » et « sortant », afin d’évaluer l’efficacité de l’ouvrage et les réponses de l’aquifère.

Ces expériences permettront de tester un dispositif de réduction de l’impact d’un inversac et de suivre le comportement de l’hydrosystème. Une solution de régulation de la ressource en eau douce souterraine sera également étudiée afin d’évaluer les conditions permettant, le cas échéant, de limiter le déclenchement du phénomène d’inversac.

 

Pour Michel GARCIA, Vice-président du SMBT et de Sète Agglopôle Méditerranée, Président de la Commission locale de l’eau et Conseiller municipal à Villeveyrac, « ce programme expérimental est essentiel pour l’avenir de notre territoire. Protéger nos ressources en eaux souterraines douces des pollutions salines de plus en plus récurrentes et intenses nous permettra dans un contexte de changement climatique, de sécuriser les différents usages de l’eau et de garantir les équilibres écologiques de notre lagune. »

La concrétisation du programme et le calendrier de réalisation sont conditionnés désormais au tour de table des financeurs qui ont d’ores et déjà acté une position de principe sur le financement de l’expérimentation. Ainsi l’Etat, la Région Occitanie, le Département de l’Hérault, Sète Agglopôle Méditerranée et la Ville de Balaruc-les-Bains ont affirmé leur engagement à soutenir le programme.

 

LE SAVIEZ-VOUS ?
Coordonné par le BRGM, le programme Dem’Eaux Thau a été mené en partenariat avec d’autres unités de recherche : UMR Géosciences Montpellier, UMR Hydrosciences et une entreprise spécialisée en informatique (Synapse), ainsi que les gestionnaires de la ressource en eau du territoire, dont le Syndicat mixte du bassin de Thau.
D’un montant de 5,3 millions d’euros, le financement du projet a été porté à 42% par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et la Région Occitanie (dans le cadre du Contrat de Plan Etat-Région 2015-2020), à 11% par le fonds européen FEDER, à 17% par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, à 4% par Montpellier Méditerranée Métropole, à 2% par Balaruc-les-Bains et à 1% par le Syndicat mixte du bassin de Thau. Le reste du financement du projet (23%) est apporté par des partenaires dont le BRGM.

Plus d’informations : https://vu.fr/izea

 


Voir le reportage réalisé sur le phénomène d’inversac qui s’est produit dans la nuit du 17 au 18 octobre 2023 sur la source sous-marine de la Vise et diffusé dans le JT du 19/20 France 3 Languedoc-Roussillon du mardi 16 janvier 2024 (à partir de la minute 14’30) : https://vu.fr/hUNpl



Retour sur la cellule de crise…

Les données du réseau de suivi développé par le Syndicat mixte du bassin de Thau dans le cadre du programme Dém’Eaux Thau se sont révélées exactes.
Annoncé dans la nuit, suite à un niveau bas de l’aquifère et à une surcote marine de 55 cm, le débit de source de la Vise située à 30 mètres de fond sous la lagune de Thau s’est inversé, provoquant l’entrée des eaux de l’étang dans l’aquifère. En conséquence, mercredi 18 octobre a été réunie une cellule de crise en mairie de Balaruc-les-Bains, avec les parties prenantes et les experts compétents pour évaluer les risques et placer la source sous surveillance. L’urgence à étudier une solution technique qui permette de pallier les entrées d’eaux saumâtres dans cette ressource stratégique pour le territoire a été rappelée par tous les acteurs en présence notamment de la commune de Balaruc-les-Bains et de Michel Garcia, Vice-Président du SMBT et Président de la Commission Locale de l’Eau.

 

Légendes photos 1: Source de la Vise - Dispositif de mesures modifié Phase 3 (réduction de diamètre) > (crédits BRGM) et photos 2 & 3 : Copil inversac et capture reportage JT > (crédits SMBT).
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