Le 23 janvier 2024, le Syndicat mixte du bassin de Thau a accueilli la promotion de Master 2 « AquaDura » de la faculté des sciences de Montpellier pour présenter les résultats de leur travail autour de la création de sentiers sous-marins
sur Thau. L’objectif : repérer sur la lagune les sites les plus adaptés à l’accueil d’un sentier sous- marin.
Les auditeurs de cette restitution étaient nombreux, attestant de l’intérêt de ce type d’aménagement pour le territoire : services de l’Etat et des communes riveraines de Thau, pêcheurs et conchyliculteurs, professionnels de la plongée, associations locales, et entreprises.
Quelle était la mission confiée aux étudiants ?
Le SMBT, structure de gestion en charge du programme DLAL-FEAMPA et opérateur Natura 2000 sur la lagune de Thau, avait mandaté ces étudiants en septembre 2023 pour une mission originale, à savoir envisager la création d’un ou plusieurs sentiers sous-marins autour de la lagune de Thau. L’objectif : valoriser conjointement la biodiversité et les activités de pêche et de conchyliculture.
Durant les 5 mois de prospection, les étudiants ont effectué une étude comparative des 23 sentiers nationaux, défini les caractéristiques d’un « sentier idéal », analysé les rivages de Thau pour repérer les sites les plus propices et proposer à la fois une démarche pour mettre en place le sentier et des aménagements répondant au cahier des charges (mixer la découverte de la biodiversité et des
métiers de Thau).
Sur le podium des sites les plus favorables figurent le Taurus et le Tambourin à Mèze, et la Pyramide à Bouzigues.
Cette mission s’inscrit dans un contexte particulier : le classement de Thau en Aire marine protégée, intervenu en 2023.
Rappel de ce qu’est une Aire Marine Protégée…
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) définit une aire marine protégée comme un « espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ».
La France à travers sa Stratégie nationale pour les aires protégées 2030, adoptée en 2021, a repris cette définition. Pour préserver la biodiversité marine et les services rendus par les océans, elle a choisi de mener une politique volontariste de création et de gestion d’Aires Marines Protégées.
Depuis le 1er janvier 2023, la loi 3DS a redéfini la gouvernance du réseau Natura 2000 en France avec les Régions comme chefs de file. Le concept de site Natura 2000 « mixte » (marin et terrestre) a été introduit. Les sites majoritairement couverts par des habitats marins (une lagune par exemple) ont été ciblés. Le site Natura 2000 de Thau a donc depuis rejoint le réseau des « Aires Marines Protégées » françaises.
D’une superficie d’environ 7 500 hectares et d’une profondeur moyenne de 5 mètres, c’est la plus importante lagune d’Occitanie. Elle abrite une biodiversité exceptionnelle et accueille de nombreuses activités : pêche, conchyliculture, thermalisme, nautisme…
Le Syndicat mixte du bassin de Thau, en tant que gestionnaire du site Natura 2000, est gestionnaire de l’Aire Marine Protégée.
Les Aires Marines Protégées (AMP) sont des espaces qui :
- préservent l’étonnante vie marine,
- garantissent la subsistance de la pêche et des cultures marines,
- participent à l’économie locale,
- permettent à toutes et à tous de découvrir une biodiversité préservée.
Afin de valoriser cet espace remarquable, le SMBT a lancé une exposition participative itinérante « Aire Marine Protégée de la lagune de Thau » lors de l’évènement « Le Temps de l’Étang » organisé par la ville de Mèze au printemps 2022. Cette exposition a vocation à se déplacer. Pour en savoir plus sur l’exposition et l’AMP, cliquez ici !
Qu’est-ce qu’un sentier sous-marin ?
Un sentier sous-marin se définit par l’association de trois éléments :
- un site de pratique, le plus souvent en mer : Thau serait la 1ère lagune à proposer un tel sentier,
- une activité aquatique de découverte, avec l’usage d’un équipement léger,
- une démarche pédagogique visant à faire évoluer les comportements, avec des outils de sensibilisation à terre et sous l’eau (panneaux informatifs).
Depuis l’ouverture en 1979 du 1er sentier sous-marin dans le parc national de Port Cros, 20 sentiers ont été créés en Méditerranée française.
Sur Thau, il existait déjà des initiatives, par exemple sur la commune de Marseillan avec le sentier accompagné de Tabarka animé par la ville et le CPIEBT de 2013 à 2017. Des études stratégiques avaient déjà analysé le potentiel de déploiement de sentiers sur Thau (« Un sentier sous-marin dans l’étang de Thau », CPIE et ADENA, 2008 et « Guide des points de randonnée palmée de la lagune de Thau », Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins, 2011).
Les étudiants se sont appuyés sur ces documents et ont proposé une méthode objective de sélection des sites les plus pertinents au travers d’une grille d’analyse.
Que découvrir sur les sentiers sous-marins de Thau ?
Les sites pré-identifiés regorgent de richesses en termes de biodiversité et permettent de découvrir des espèces emblématiques de Thau :
- les herbiers de zostères, écosystème majeur du site N2000,
- les Grandes nacres, endémiques de Méditerranée mais menacées d’extinction par un parasite sur la majorité des sites, sauf sur Thau,
- les hippocampes mouchetés.
Associant zones meubles, herbiers, zones rocheuses, les sites pressentis permettent également de découvrir les espèces plus communes de coquillages, de gastéropodes et de poissons de la lagune.
L’originalité du projet sur Thau est d’associer à cette valorisation de la biodiversité, la découverte des métiers pratiqués dans ces écosystèmes grâce à des informations et aménagements spécifiques présentant :
- la conchyliculture et ses élevages de coquillages en suspension,
- la pêche pratiquée par les petits métiers, notamment au moyen d’outils traditionnels tels que les capétchades.
Des étudiants en mode immersif !
Le parcours « Aquadura » suivi par ces étudiants a pour ambition de former les futurs scientifiques ayant une large polyvalence sur l’ensemble de la filière Pêche/Aquaculture dans l’optique d’assurer une production aquacole, une pêche responsable et une gestion écosystémique des ressources et des milieux aquatiques. C’est un parcours professionnalisant qui permet d’entrer sur le marché du travail directement après l’obtention du diplôme.
Les étudiants sont formés à la production aquacole, à son management et sa gestion, à l’halieutique, à la valorisation et la gestion des bioressources aquatiques ainsi qu’à la gestion intégrée des environnements exploités par ces activités. Les pratiques culturales, le développement de nouveaux secteurs d’activité et les domaines de la recherche et du développement sont ciblés dans ce cursus. Une attention particulière est donnée à la durabilité des pratiques et des approches dans un contexte d’exploitation croissante des bioressources aquatiques et de changements climatiques.
Avec cette action et en étant tuteur, le Syndicat mixte du bassin de Thau permet à ces étudiants de travailler en mode immersif sur un projet exploratoire, attractif et d’intérêt général qui a donné lieu à une restitution mise à disposition des collectivités ayant accepté de les accompagner. Ces étudiants ont mis leur créativité au service du territoire. Ils peuvent se féliciter de la maturité dont ils ont fait preuve lors de la restitution.
Appréhender un contexte complexe et proposer des scénarios adaptés comme ils l’ont fait leur donnera forcément davantage de confiance pour l’avenir, seuls, en groupe et avec des partenaires.
Le prochain défi sera de mobiliser tous les partenaires locaux pour réaliser un sentier dès 2024 !