L’approvisionnement en eaux brutes et potables doit pouvoir être assuré en toutes circonstances et à tout moment. Un défi qui implique d’abord une connaissance approfondie des ressources et des besoins.
Une forte dépendance aux ressources extérieures
Les sources d’approvisionnement en eau sont au nombre de quatre sur le bassin de Thau mais la principale ressource propre au territoire, le pli Ouest, ne couvre que 20% des besoins de ses besoins.
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Le pli Ouest : un aquifère encore méconnu
Principale ressource propre au territoire, le karst du Pli Ouest Montpelliérain s’étend du Causse d’Aumelas à la vallée de l’Hérault en passant par le massif de la Gardiole et la montagne de Sète et se développe en profondeur sous la lagune de Thau. Il est alimenté par les précipitations tombant sur le Causse d’Aumelas, le massif de la Gardiole et dans une moindre mesure le mont Saint Clair. Il surgit grâce à des résurgences sur les communes de Cournonsec, Poussan, Balaruc-les-Bains et dans la lagune de Thau à travers la source de la Vise. On le retrouve également à Villeveyrac et au niveau de la robine de Vic-la-Gardiole. Encore méconnu, ce réservoir karstique fait l’objet d’un vaste programme de recherches multi-partenarial baptisé Dem’eaux.
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La nappe alluviale de l’Hérault : une ressource essentielle
Cette nappe accompagne le fleuve Hérault depuis Canet jusqu’au littoral agathois. L’eau circule dans un milieu très poreux constitué de sables et de graviers, formé par les alluvions du fleuve Hérault. La nappe et le fleuve sont en relation étroite. En période de crue, l’Hérault alimente sa nappe, alors qu’en basses eaux, la nappe soutient le débit du fleuve.
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La nappe Astienne : un gisement additionnel
La nappe des sables astiens s’étend sur 450 km² et 20 communes du département. Elle affleure sur le territoire de Thau. L’eau sous pression jaillit naturellement au droit de nombreux forages (forages artésiens). Elle est alimentée par la pluviométrie au niveau des affleurements des couches (sur Mèze notamment) ou par drainance verticale à partir des formations semi-perméables qui la recouvrent.
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Le Rhône : une ressource de sécurisation
Ce réseau apporte une ressource complémentaire au territoire de Thau pour son alimentation en eau agricole notamment et en eau potable durant les pics de consommation estivale. Aujourd’hui, les communes de Vic-la-Gardiole et Mireval sont déjà approvisionnées par cette ressource via l’usine de potabilisation de Fabrègues. D’un débit limité du fait de ses infrastructures, cette ressource ne suppléera pas à toutes les demandes mais apportera un complément pour les activités agricoles, notamment au Nord du bassin de Thau, et pour de nouvelles demandes en eau potable.
Des ressources fragiles :
Les ressources utilisées pour alimenter en eau le territoire de Thau qu’il s’agisse d’eau potable, d’eau agricole ou de ressource dédiée à d’autres usages sont toutes fragiles.
La nappe alluviale de l’Hérault qui pallie 74% de la consommation en eau du territoire est reconnue en limite d’utilisation, c’est-à-dire que les prélèvements sont supérieurs au volume prélevable (débit permettant de respecter le bon fonctionnement du fleuve). Le déficit est manifeste l’été dans le secteur aval (entre Pézenas et Agde).
La Nappe Astienne a été longtemps surexploitée. Son classement en zone de répartition des eaux en 2010 a permis d’alerter sur le risque de pénurie et de mieux contrôler les prélèvements. Le déficit est de l’ordre de 700 000m3 par an. Les secteurs les plus concernés par le déficit sont les secteurs de Vias, Valras et Béziers.
Le karst du Pli Ouest est exposé au risque d’inversac, en particulier sur le secteur situé au niveau de la presqu’île de Balaruc-les-Bains. Un inversac est une entrée d’eau saumâtre dans la nappe. Ce phénomène se produit lorsque les niveaux d’eau entre la nappe et la lagune s’inversent. L’inversac salinise la nappe et peut perturber l’usage de cette ressource. Le SMBT développe actuellement un réseau de suivi afin de coordonner les prélèvements sur cette ressource pour limiter ce risque. Il s’appuiera prochainement sur le modèle hydrogéologique en trois dimensions en cours d’élaboration dans le cadre du programme Dém’eaux.
L’eau du Rhône n’est pas limitée en quantité mais l’infrastructure d’adduction d’eau mise en place dans le cadre du projet Aqua Domitia a été dimensionnée pour un débit limité à 2.5m3/s.
Des besoins spécifiques :
Sur Thau, l’eau est précieuse pour l’alimentation en eau potable mais aussi pour l’agriculture, les activités économiques, le thermalisme sans oublier l’écosystème de la lagune de Thau dont le mélange entre eau douce et eau salée contribue à son incroyable biodiversité.
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Eau potable :
Toutes les communes du bassin de Thau sont alimentées totalement ou en partie par l’eau de la nappe alluviale de l’Hérault. Aujourd’hui, seules Mireval et Vic-la-Gardiole sont alimentées par l’eau du Rhône. La ville de Sète s’approvisionne dans le pli Ouest à travers la résurgence d’Issanka mais sollicite également la nappe de l’Hérault en période estivale notamment.
Repères :
157 litres/j : c’est la consommation moyenne par habitant du bassin de Thau, soit 7 litres de plus que la moyenne nationale. Pour alimenter cette consommation, 22 millions de m3 sont prélevés dans l’ensemble des ressources selon la répartition suivante :
17 millions de m3 sont prélevés dans la nappe alluviale de l’Hérault via le captage de Florensac
4 millions de m3 sont prélevés dans le pli Ouest à travers le captage d’Issanka
1 million de m3 sont produits en moyenne à l’usine de Fabrègues à partir de l’eau du Rhône pour alimenter Vic-la-Gardiole et Mireval
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Eau thermale :
Les thermes de Balaruc-les-Bains, 1ère station thermale de France utilisent l’eau thermale qui circule dans les profondeurs du karst du pli Ouest. Ces eaux thermales sont parmi les plus chaudes et les plus minéralisées du Languedoc méditerranéen. Elles sont riches en bicarbonates et oligo-éléments et sont chlorurées, sodiques, sulfatées, calciques et magnésiennes.
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Eau douce :
L’eau douce contribue au développement des activités de pêche et de cultures marines dans la lagune de Thau. Les apports réguliers et les échanges permanents avec la mer maintiennent un niveau de salinité propice à une biodiversité aquatique tout à fait unique. Ils apportent également des niveaux de nutriments, notamment en azote et phosphore, qui favorisent de fortes croissances biologiques des espèces lagunaires faisant du bassin de production conchylicole sur Thau une exception par son taux de croissance des coquillages en élevage. L’eau douce arrive dans la lagune à travers les écoulements du bassin versant, les précipitations directes, le Canal du Midi mais également via une résurgence du pli Ouest, la Vise, qui surgit directement dans la lagune. L’eau douce est également importante pour la biodiversité de toutes les zones humides, cours d’eau, étangs et lagunes qui dessinent le territoire.
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Eau agricole :
Thau dispose majoritairement de cultures peu consommatrices en eau, essentiellement de la vigne, mais également de cultures maraîchères situées principalement au Nord du territoire. Ces exploitations sont alimentées par le fleuve Hérault à l’Ouest et le Rhône à l’Est ou le pli Ouest à Villeveyrac. L’arrivée du réseau Aqua Domitia devrait permettre de soulager cette ressource.