Mis en route en novembre 2020, le Réseau d’observation lagunaire (ROL) a déjà initié plusieurs actions et fédéré de nombreux professionnels et partenaires*. Financé par l’Europe (DLAL-FEAMP et la Région Occitanie) et piloté par le SMBT, ce réseau vise à mieux connaître la lagune et ses usages grâce à un recueil très large de données scientifiques, institutionnelles et de terrain. L’objectif est d’anticiper les aléas pour sécuriser voire optimiser les activités conchylicoles et de pêche.
Depuis mars, un suivi biométrique des coquillages (taille, poids, remplissage) est ainsi effectué chaque mois sur 3 tables mises à disposition par la DDTM* à Bouzigues, Mèze et Marseillan. Réalisée en collaboration avec le Cépralmar, cette étude, appelée à être pérennisée, intègre deux phases d’élevage (les naissains et les huîtres collées). Elle associe différentes sortes de coquillages (diploïdes, triploïdes), d’approvisionnement (3 écloseries d’Atlantique impliquées) et de culture (lanterne ou pearlnet).
Dans un contexte de changement climatique, une autre enquête sur les pratiques des conchyliculteurs a été lancée en février. Une vingtaine d’entre eux, soit presque 200 tables et filières en mer au total, ont accepté de fournir régulièrement des informations sur les origines, les supports et densités d’élevage, les pertes par mortalité ou prédation et les quantités extraites du milieu.
A la demande des professionnels, vient aussi de démarrer une recherche sur trois pathogènes qui affectent les coquillages de la lagune : l’herpès virus et deux bactéries du genre Vibrio (aestuarianus et splendidus). Une fois la méthode de détection validée, un suivi expérimental (2 à 4 échantillonnages par mois) sera réalisé pendant un an, à la fois sur les naissains et sur les huîtres adultes. Les résultats ainsi obtenus permettront de créer un modèle épidémiologique. Grâce à cet outil, les professionnels pourront adapter leurs pratiques, avec par exemple des mises à l’abri anticipées ou des manipulations évitées.
Connecté au ROL, le projet innovant SENSITHAU, porté par Biocéanor, a lui aussi démarré en mars. Financée par la Région dans le cadre de l’appel à projets « Avenir Littoral » et inscrite dans la plateforme d’innovation du SMBT, l’opération, prévue sur 18 mois, a permis de déployer dix stations de mesure haute fréquence dans la lagune, dont 8 dans des zones d’élevage. Différents paramètres (concentration en oxygène, turbidité, salinité, chlorophylle…) vont ainsi être relevés en continu et en temps réel. Agrégées et traitées grâce à des algorithmes spécifiques, ces informations devraient permettre d’anticiper les phénomènes d’anoxie (malaïgue), de contaminations microbiologiques et les blooms de micro-algues ou phytoplancton. Là encore un outil précieux pour la compréhension du milieu lagunaire et pour les professionnels de la pêche et des cultures marines.
*Le Cépralmar, la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) et le Comité Régional de la Conchyliculture de Méditerranée (CRCM) sont très impliqués dans le ROL.